La libération des camps : Pour une histoire de la mémoire de la déportation
Le 27 janvier 1945, les soldats soviétiques entraient dans le camp d’Auschwitz. C’était il y a 80 ans.
À partir du 11 avril 1945 (libération du camp de Buchenwald) et jusqu’au 8 mai 1945 (libération du camp de Theresienstadt), les camps de déportation et d’extermination sont progressivement libérés. Dans chacun d’entre eux, des « fantômes » sont découverts, ces squelettes vivants qui gardaient l’espoir de vivre pour témoigner.
Dès leur retour, des associations sont créées.
Trois éléments les conditionnent : la démographie, la diversité et l’idéologie.
Sur les plus de 80 000 déportés par mesure de répression, plus de la moitié reviennent. Sur les 76 000 déportés par mesure de persécution, 3 900 reviennent.
Face au seul camp d’extermination où arrivent des déportés juifs de France, Auschwitz, s’impose la longue liste des camps de concentration du Struthof à Buchenwald.
Chaque camp génère son amicale, chaque amicale est un acteur de mémoire.
La déportation par répression s’impose comme le prolongement de la résistance.
La Journée nationale des victimes et des héros de la déportation est créée en 1954. Elle privilégie en avril les libérations de Buchenwald et Dachau.
C’est le temps des héros.
En 1961, le procès Eichmann en Israël fait surgir dans l’actualité mémorielle la Shoah.
Un nouveau temps s’inscrit dans le paysage mémoriel avec ses associations, ses combats juridiques, sa symbolique : l’urne de cendres remplace le déporté squelettique sur les monuments.
La mémoire des enfants déportés suscite l’émotion.
Ce temps est surtout celui de l’idéologie des Droits de l’Homme qui transforme le schéma d’origine. La victime éclipse le héros.
La journée du 27 janvier, la libération d’Auschwitz et celle du 16 juillet, la rafle du Vel d’Hiv, prennent le pas sur la Journée de la déportation en avril.
Mais la mémoire de la Shoah a accompagné le développement de la mondialisation.
Qu’en sera-t-il avec le retour des frontières ?
Serge Barcellini
Contrôleur Général des Armées (2s)
Président Général de l’association Le Souvenir Français


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